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L'utopie a un nom: Auroville


Il y a 1 ou 2 ans, j'ai découvert l'existence d'Auroville, ce modèle de "ville idéale" en Inde. Bien sur je m'étais dit que j'avais envie d'aller y être un œil, mais je ne pensais pas y aller aussi vite. De retour en Inde du sud après le Népal, j'y suis allée passer une journée. La ville est à 20 minutes de Pondichery, au bord du golf du Bengale, et elle vaut bien un article pour ceux d'entre vous qui ne connaissent pas. Cette ville a été pensée et créée par celle qu'on appelle ici "La mère", Mirra Alfassa, une française (née en 1878) qui a voyagé en Inde notamment, où elle a rencontré Sri Aurobindo, un rebel, sage et religieux indien (né en 1872).

De leur rencontre est d'abord né le Sri Aurobindo Ashram de Pondichery. Un bel ashram arboré, fleuri et particulièrement calme où la méditation est reine (méditation libre toute la journée dans la cour et séances gratuites les soirs de 19h25 à 19h50). Ensemble ils ont créés et fait fonctionner des écoles, des associations de jeunes, des clubs de sport et des hôpitaux et dispensaires. Et au fil des années, l'idée a germé dans la tête de la Mère de créer un lieu de vie qui tendrait vers l'idéal: Auroville.

L'endroit a été choisi parce que c'était une zone érodée et quasi désertique, qu'il y avait de l'espace inocupé, que c'était au bord de la mer et aussi parce qu'un banian centenaire occupait le terrain. Cet arbre dont les racines descendent vers le sol pour devenir des troncs à leur tour est impressionnant.

Une fois les terrains autour de l'arbre achetés, "Auromodele" a commencé à se développer. C'était un secteur d'expérimentation pour apprendre comment vivre à Auroville. La vraie ville a commencé à se construire en 1968. Le centre de la ville est le "Matrimandir"("la maison de la mère"), un grand dôme doré qui symbolise la conscience divine, et qui est l'âme de la ville. Mais attention, ici, rien de religieux. Le but n'est surtout pas de créer une nouvelle religion ou un nouveau culte (la Charte de la ville dit même que ce lieux est fait pour ceux qui renoncent à toute religion, car c'est dans la vie que l'on doit chercher le divin) mais d'avoir un lieu qui représente l'unité entre les peuples et les gens ou chacun puisse venir méditer, réfléchir, se concentrer ou "se trouver" dans le silence. La construction est impressionnante elle aussi. Je n'ai malheureusement pas pu rentrer à l'intérieur car il faut s'inscrire plusieurs jours à l'avance sur place pour y entrer, mais je sais que l'intérieur est très moderne et sobre. Pas de fleurs, pas d'encens, pas d'images. Pas de fioritures. Simplement le silence, 12 salles de méditation aux noms différents organisées autour du centre comme les pétales d'un lotus (sincérité, humilité, gratitude, persévérance aspiration, réceptivité, progrès, courage, bonté, générosité, égalité et paix), et au centre une boule de cristal sur laquelle la lumière du soleil entre et se reflète. Autour du dôme, 12 jardins qui partent des 12 pétales sont en construction. Le projet est de créer un "parc de l'unité" à l'intérieur duquel chaque jardin aura un nom et une fleur qui porte son nom (existence, consciousness, bliss, light, life, power, wealth, utility, progress, youth, harmony, perfection). Les jardins seront encerclés d'eau.

À côté du matrimandir, il y a aussi un amphithéâtre ou les gens se regroupent pour parler ou méditer, et ou ont lieux des cérémonies ou l'on allume un grand feu plusieurs fois par an pour célébrer des anniversaires ou la création de la ville.

La mère est décédée le jour où les quatre piliers du mantrimandir ont été posés. Depuis sa mort, la ville a continué à se construire et à se développer. Il y a un centre d'informations qui renseigne les visiteurs sur le lieux et son mode de vie, des cafés, restaurants bio et boutiques qui vendent les produits de l'artisanat local, et surtout 5 grandes zones organisées en épis autour du banian et du matrimandir: - la ceinture verte: une zone de reboisement et de recherche écologique et agricole - la zone internationale: avec un pavillon par pays ou continent, qui représente les différentes nations et travaille à l'unité entre les peuples. Des événements culturels sont organisés, des cours de langues, des expos, des activités. Chacun découvre et apprend la culture de l'autre. Mais il y a aussi une université et un centre de recherche (ou je veux bien sur maintenant travailler....le CIRHU - "Centre International de Recherche de l'Unité Humaine"). - la zone résidentielle : car oui, des gens vivent ici! Il y avait 2424 personnes de 50 nationalités différentes qui vivaient à Auroville en janvier 2015 (1808 adultes et 616 enfants).Le chiffre augmente chaque année. La ville a été pensée pour accueillir jusqu'à 50 000 personnes maximum. Il y a donc encore largement de la place pour ceux d'entre nous qui veulent aller y vivre! Les cent résidences vont des appartement aux villas, aux petites communautés en appartement et sont regroupés dans des quartiers aux noms évocateurs (sérénité, paix, simplicité etc.) ["Chéri je viens d'arriver à tranquillité, tu passes prendre du pain à paix et des cocos à abondance stp"!!! ] - la zone industrielle (bien que je trouve le nom mal choisi): le lieu où sont générés les fonds pour que la ville puisse être autonome. Pas de productivité ni de concurrence ici, mais des relations d'émulation pour aller vers un "mieux faire et mieux etre". - la zone culturelle: où l'on apprend et réfléchit. Des écoles surtout (dont le but n'est pas de préparer les élèves à passer des examens ou des diplômes mais à faciliter le développement personnel et la perception de l'unité), mais aussi des groupes et associations travaillant sur différents thèmes: l'éducation, l'écologie (énergies renouvelables, pollution, anti gaspi etc), l'agriculture (permaculture, reforestation etc. De l'espace aride originel, ils ont quand même réussi à faire en 48 ans un lieux très vert! L'une des choses qui m'a le plus impressionné je crois), les femmes (création d'emploi, éducation etc), la santé (soins des dents, dispensaires, maladies etc) et de nombreux autres domaines intéressants. Des bénévoles (étudiants, chercheurs ou professionnels) viennent sur des moyennes ou longues durées développer ou améliorer un projet. Auroville agit sur tous les villages alentours en ayant créé des écoles et des centres de soins ou offert des sources d'emploi. Les énergies renouvelables et les moyens verts sont partout. Il y a une grande cantine commune ("solar kitchen") avec le plus grand four solaire d'inde.

Il y a bien sur aussi une trentaine de fermes bio, de nombreux restaurants et café bio, des centres de yoga et de médecine alternative (reiki, acupuncture etc), une plage et même un centre de thérapies holistiques au bord de l'eau! On peut faire du cheval, du théâtre et des cours sur la plage. Vu de l'extérieur, tout ça m'a l'air bien parfait. J'avais envie d'y vivre un moment dès que j'y suis entrée mais voilà, j'avais peur de ne rien avoir à manger... (La perfection c'est bien beau, mais il faut avoir quelque chose à se mette sous la dent!) Alors une fois que j'ai eu goûté leur café indien délicieux et leurs gâteaux maison, j'étais foutue, je cherchais déjà quand je pourrais bien trouver le temps de venir vivre ici !! Mais bien sur rien n'est jamais parfait, en seulement une journée là bas, j'ai vu des choses qui m'ont fait douter: un chien bien mal en point (pas de programme pour les animaux dans un lieux ou on aime et respecte tous les êtres vivants?), beaucoup de scooters et d'engins pollueurs comme partout ailleurs (même si j'imagine bien que tout le monde ne puisse pas acheter de véhicule électrique ici non plus). Et aussi, je n'ai pas encore réussi à trouver le coût de la vie à Auroville.... un détail me direz-vous. Mais tout ça m'a quand même l'air très inabordable. Mais peu importe les défauts et les nombreuses contradictions qu'il doit y avoir dans cette ville, c'est l'intention qui compte. Et là, ça me semble être la plus belle des intentions.


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