top of page

"Same same but different"

Cet dicton ridicule, "pareil, pareil, mais différent", est la phrase emblématique de la Thaïlande, que je ne comprends pas vraiment et qui a une forte tendance à m'agacer. J'en fais pourtant le titre de cet article parce qu'il résume mieux que n'importe quelle autre phrase mon ressenti au terme de notre périple en Asie-du-sud-est. Après l'Inde, le Népal et le Myanmar qui étaient un véritable dépaysement pour moi, je suis retournée en terrain "connu".On a passé 5 semaines en Thaïlande (je ne connaissais Bangkok que pour ses centres commerciaux, j'ai honte!) puis 2 semaines au Laos (que je connais bien mis à part l'extrême sud), et enfin 3 semaines au Cambodge (où je n'avais jamais mis les pieds). Quel plaisir de retrouver une région que l'on aime et de se mettre au rythme local, zen et lent. Voyager en Asie-du-Sud-est est agréable et reposant tellement vous n'avez à vous inquiéter de rien! Ici tout se passe toujours bien, on prend son temps (votre bus n'arrive jamais à l'heure annoncée mais on s'y fait), on regarde les heures défiler face au Mékong ou dans un temple, on mange à toute heure, on apprécie le sourire et la gentillesse des gens et on sait qu'on a pas à s'inquiéter d'éventuels actes malveillants (merci le bouddhisme). Mais, histoire d'être un peu exigeante (je suis sûre que ça vous manque), à un moment, j'ai commencé à trouver que tout cela manquait un peu d'exotisme et que c'était un peu trop similaire d'un pays à l'autre. C'est normal vous me direz, tellement l'histoire de ces pays est liée. Cette région ne faisait qu'une pendant longtemps, les gens ont souvent été forcés de se déplacer et les frontières ont bougé. Du coup aujourd'hui, on mange presque partout les mêmes plats (oui, j'avoue, je commence à saturer avec le riz et la sauce poisson !!), le bouddha et le bouddhisme sont omniprésents (environ 95% de bouddhistes du courant Theravada dans ces 3 pays), les gens et les langues se ressemblent (d'ailleurs on compte de la même manière au Laos, au Cambodge et en Thaïlande) et le mode de vie dans les campagnes est le même. On ressent partout le poids du passé colonial difficile et les dégâts du communisme et de l'arrivée du tourisme. Mais malgré ma récente aversion pour le riz et l'impression de déjà vu dans tous les temples dédiés au Buddha, je me suis vite reprise pour finalement savourer à quel point ces trois pays étaient bel et bien "pareil pareil mais SI différents". * LA THAÏLANDE est à part tellement c'est un pays développé. Son PIB a plus que doublé en 10 ans! Même si dans les campagnes on a conservé un mode de vie traditionnel, la modernité est partout. Le "pays du sourire" a changé, vite, et ça se sent. Le tourisme de masse s'y est installé depuis longtemps déjà et c'est un peu le Paradis du touriste: des vacances pas chères, une capitale moderne, de beaux temples et des îles paradisiaques. Bien sur on a nous aussi voulu goûter à tout ça.

Les îles du sud (Koh Tao, Koh Samui, Kho Pha Ngan et Koh Lanta) ont été à la hauteur de nos attentes. C'est magnifique, l'eau est claire et les fonds marins sont exceptionnels. Divya y a passé son open water de plongée (on peut maintenant plonger ensemble!) C'est l'endroit idéal pour des vacances balnéaires de rêve à moindre coût.

La Thaïlande, c'est aussi la Mecque des beaux temples(!), notamment ceux de Bangkok et de Chiang Mai. Mais il y a surtout deux sites de temples en ruines magnifiques: Ayuttaya, ou nous ne sommes pas allées, et Sukhotai qui est splendide et a été notre coup de cœur dans ce pays.

À Kanchanaburi et à Pai on a aussi découvert qu'il y avait une Thaïlande "nature" avec de belles forêts. Puis on s'est laissés tenter par la Thaïlande de la fête en passant le Nouvel An à Pattaya, le Las Vegas local, l'antre de la musique, de l'alcool et du strip-tease. C'est ça aussi la Thaïlande, mais on peut s'en passer !!

On a fait une petite halte à Bangkok à la nouvelle année pour profiter du capitalisme ambiant (et ça m'a fait du bien!) C'est une ville incroyable et très moderne, il y a des centres commerciaux gigantesques à chaque coin de rue et on peut y mener une vie tout à fait occidentale (quel intérêt me direz-vous?!) On a fait le plein de shopping, de bars chics sur les toits et de nourriture occidentale. On a aussi eu le mauvais goût de tester les bars à gogos. C'est fait et ça ne se reproduira plus (même si notre épisode pole dance avec des lady boys restera gravée à tout jamais dans nos mémoires!) Paradoxalement, c'est aussi à Bangkok qu'on a eu la plus belle démonstration de la dévotion du peuple pour son roi. Juste avant notre arrivée, le roi est décédé et tout le pays était en deuil. On a échappé de justesse au couvre-feu et à l'interdiction de la musique et de l'alcool (ouf...), mais on a bien ressenti le deuil. Les thaïlandais ont toujours vénéré leur roi (qui aura fait le plus long règne au monde). Il a toujours été représenté partout, sur les bâtiments, les bus et la monnaie (qu'il ne faut pas abîmer ou écraser - sacrilège que j'ai commis), mais depuis sa mort c'est encore pire, tout est recouvert de banderoles et de posters à son effigie. Les thaïlandais ont perdu leur modèle et ils sont profondément tristes. Ils s'habillent tous en noir et portent des T-shirts ou des badges à la mémoire de leur roi. Un respect de la royauté qu'on a toujours un peu de mal à comprendre en tant que français. Quand on a voulu visiter le palais royal, il était fermé pour que les thaïlandais viennent se recueillir. On a donc assisté à une procession d'une centaine de personnes vetues de noir, bien plus touchante que la visite du palais c'est sur. La Thaïlande est un beau pays qui offre de la variété, mais au tourisme trop développé à mon goût. Les thaïlandais sont malins et ont réussi à développer le tourisme tout en gardant leur intégrité (chapeau bas), mais toutes les relations sont basées sur l'argent et il y a quand même trop de coins défigurés par le cirque du tourisme. Les gens sont sympathiques mais on a souvent trouvé qu'ils l'étaient pour mieux essayer de nous vendre un truc. Par contre ils ont de loin la nourriture la plus variée et la meilleure d'Asie-du sud-est (le Vietnam est hors compétition), on s'est régalées ! * LE LAOS reste mon pays favori. Je suis sûrement impartiale vu que c'est celui que j'ai aimé en premier et où j'ai passé 6 mois. Mais il n'empêche qu'il est à part. C'est le plus rural et le moins développé de tous les pays d'Asie-du-sud-est, et pendant longtemps il a été le pays le plus pauvre du monde. Il a perdu ce triste titre il y a maintenant un moment et prévoit d'ici à 2020 de sortir des rangs des 20 pays les plus pauvres. Ce n'est pas rien. Cette pauvreté se ressent partout au Laos, dans le mode de vie et les moyens matériels des habitants. Il y a peu de grandes villes ou alors elles sont en train de se développer. Les gens vivent autour de leur village, proches d'une rivière ou du Mékong et se contentent de peu. On l'a vu dès notre arrivée à la frontière, à Hua-Xay où nous avons passé la nuit dans un village avant de descendre le Mékong en bateau pendant deux jours. Ce qui nous a laissé tout le temps d'observer les gens vivre, pêcher, se laver ou vendre leurs produits au bord de l'eau.

Le "pays aux millions d'éléphants" n'a pas eu de chance. Après avoir été colonisé par les chinois, les anglais et les français, il a été le pays le plus bombardé au monde pendant la guerre du Vietnam: 9 ans de bombardements, toutes les 8 minutes, 24h/24, plus de 2 millions de tonnes de bombes lancées sur le pays entre 1964 et 1973, des milliers de personnes tuées ou mutilées. Aujourd'hui encore des ONG sensibilisent et retirent les bombes. Au Laos, en 2017, il faut encore faire attention où l'on marche. La guerre civile qui a suivi n'a pas aidé le pays à se développer, mais c'est un peu ce qui fait son charme aujourd'hui. Les villes pourtant touristiques de Luang Prabang, Vang Vieng et Vientiane sont calmes et agréables, on y vit au rythme des campagnes. On y a passé plusieurs jours et profité de la végétation luxuriante alentour: rivières, montagnes, cascades et grottes.

J'ai beaucoup entendu dire que les laotiens étaient bizarres et pas sympas. Je ne suis pas d'accord mais les touristes semblent l'être entre eux. Je vois pourtant beaucoup de sourires sur le visage des laos, même s'il est vrai que depuis quelques années absolument tout est payant et qu'ils en profitent en allant jusqu'à construire des grillages pour vous faire payer un droit de passage au milieu de nulle part. Les enfants d'un village nous ont ont aussi jeté des projectiles quand on a refusé de leur donner de l'argent, mais j'imagine que c'est le lot du pays très pauvre où le tourisme se développe vite ... Le Laos n'a peut être pas les gens les plus accueillants ou la meilleure nourriture d'Asie (ils n'ont que 2 ou 3 plats locaux) et aucun site touristique majeur contrairement à ses voisins, mais c'est un pays magnifique, sauvage et tellement riche (il existe 32 groupes ethniques au Laos dont les vêtements, les traditions et le mode de vie sont très différents et passionants). * LE CAMBODGE m'a surprise, non pas pour ses paysages mais pour son histoire difficile à cerner et pour sa population. Notre première étape a été Siem Reap, une ville agréable au bord de l'eau, point de départ pour la visite des temples d'Angkor. Ce site est une merveille. Une cité immense avec de nombreux temples en ruines qui se fondent dans la végétation. On a passé plusieurs jours à y admirer les temples et à se perdre dans leur dédale. Si on avait pas choisi la semaine du Nouvel an chinois, ça aurait été absolument parfait !! Ce site est époustouflant, même avec 500 chinois derrière soi. À voir une fois (au moins) dans sa vie!

Après Angkor on a rejoins Battambang en bateau pour une version plus rural du pays. C'est un pays très plat comparé aux deux autres, pas un relief à l'horizon. Mais ils ont le Bambou train, le train le plus astucieux du monde qui va malheureusement disparaître dans 2 mois. L'histoire du pays est terrible. Le Cambodge a lui aussi été colonisé à plusieurs reprises puis bombardé pendant la guerre du Vietnam, mais il est entré dans la pire phase de son histoire de1975 à 1979 sous la dictature sanguinaire du régime des Khmers rouges. Pol Pot et ses potes (trop tentant...) se sont présentés comme les sauveurs du pays et en guise de ça, ont envoyé tout le monde travailler à la campagne en tant qu'esclave. Adultes, enfants et vieillards travaillaient 12 à 15h par jour dans les champs. Des milliers de personnes innocentes ont été tuées. Tout à Phnom Penh vous le rappelle, des "killing fields" (champs ou l'on exécutait les gens par milliers avant de les jeter dans une fosse commune) au S21, la prison où plus de 20 000 personnes ont été torturées et exécutées. Seules 7 en sont sorties vivantes, nous avons eu la surprise d'en voir deux dédicacer leurs livres au musée du génocide. Cette histoire incroyable est tellement récente qu'elle transparait dans les choix et le mode de vie des cambodgiens. C'est de loin les gens que j'ai trouvé les plus gentils. Doux et souriants, comme si ils se souvenaient à chaque instant qu'ils ont la chance d'être libres.

Je ne leur décerne pas non plus la palme de la variété culinaire (même si c'est bon et un cran au-dessus du Laos), mais ils m'ont aussi surprise avec leurs îles paradisiaques et désertes du sud (Koh Rong et Koh Rong Samloem) auxquelles je ne m'attendais pas du tout. C'est la Thaïlande qui est connue pour ses plages, mais c'est au Cambodge qu'on aura trouvé le paradis balnéaire !

A l'heure où je monte dans l'avion pour l'Indonésie et l'inconnu, je sais déjà que ces pays où tout est toujours facile vont vite me manquer ...


bottom of page